Le Mur de l'Atlantique de Contis à Huchet

Le Mur de l’Atlantique de Contis à Huchet

Cet article est rattaché depuis 2018 aux recherches du Bureau d’Études du Mur de l’Atlantique pour le secteur Landes et Pyrénées-Atlantiques.

Études de l’Atlantikwall :
Le Mur de l’Atlantique dans les Landes
Le Mur de l’Atlantique Pyrénées-Atlantiques

SITE OFFICIEL : Bureau d’études du Mur de l’Atlantique Landes et Pyrénées-Atlantiques 

Monolithes de béton pour certains, simples repères visuels, ou témoins historiques de l’érosion des côtes pour d’autres, les structures fortifiées construites au cours de la Seconde Guerre Mondiale marquent ou défigurent selon les interprétations, la côte des Landes.

La plage de Contis possède ses propres structures fortifiées, jamais étudiées, peu connues, et couvertes du « secret militaire » pour certaines. Mais toutes révèlent une nouvelle fois la singularité de Contis, véritable pont entre Born et Marensin.

Nous allons, au travers de ce dossier proposer un état des lieux de ces structures militaires, ainsi que l’étude de la fortification de la plage de Contis réalisée dans le cadre du « Mur de l’Atlantique » et de la Seconde Guerre Mondiale. Cette étude est basée sur la compilation de données civiles et militaires, archivées en France, Allemagne et Angleterre, en l’état des recherches actuelles. Les données exposées ici ne sont ni définitives, ni exhaustives.

Le Mur de l’Atlantique ou Atlantikwall

Dernière grande ligne de défense militaire statique construite en Europe, le Mur de l’Atlantique ou « Atlantikwall » représente un chantier gigantesque, déroulant son chapelet de fortifications sur plus de 5000 kilomètres, de la pointe Nord de la Norvège jusqu’à la frontière franco-espagnole. Planifié par l’armée et déployé par l’organisation Todt (agence gouvernementale allemande) au cours de la Seconde Guerre Mondiale, sa construction s’étale sur 5 années de 1940 à 1945 (source – 16 / 19) .

A partir de juin 1940, la zone de Contis bascule à la fois en zone occupée, et en zone interdite . Cette bande côtière est d’un enjeu primordial et doit être le lieu de construction de nombreuses bases militaires. Cette zone interdite renforce la difficulté d’accès : accès interdit aux civils, photographies interdites, secret sur les installations militaires qui y sont implantées.

Dates importantes :

  • 1940 (mai) : L’armée allemande occupe la Belgique, les Pays-Bas, le Nord et l’Ouest de la France
  • 22 juin 1940 : signature de l’armistice entre Hitler et Pétain à Rethondes. La partie côtière des Landes est placée en zone occupée (Ouest de la ligne Hagetmau, St Sever, Mont-de-Marsan, Roquefort)
  • 1940 : classement de la zone côtière des Landes en « zone interdite ».
  • 1941 (décembre) : ordre de contruction du Neue Westwall (nouveau rempart Ouest) le long des côtes occupées de la Norvège, de la France, de la Belgique et des Pays-Bas
  • 1942 (mars) : Directive N°40 : directive sur la hiérarchie de commandement en cas d’attaque des côtes
  • 1942 (juillet) : Toutes les localités des Landes où se trouve une garnison sont organisées pour la défense rapprochée
  • 1942 (mi-juillet) : A St-Julien-en-Born, un barrage est établi vers Contis au pont du courant (Grand Pont) (source 6/27.)
  • 1942 (février) : démolition de certaines maisons à Contis (source 9)
  • 1942 (août) : début de construction du Mur de l’Atlantique au travers d’un premier programme de 15 000 bunkers
  • 1942 (décembre) : début de démolition de maison en haut de dune de Contis (source 9)
  • 1943 : L’organisation Todt supervise la construction des lignes de défense sur la Côte Landaise
  • 1943 (janvier) : édition du Schartenbauprogramm ou Programme de Construction de Casemates.
  • 1943 (mai) : l’organisation Todt construit huit baraquements à St Julien, Gartumba (source 10)
  • 1944 (janvier) : mission d’espionnage de la DGSS à Contis (source 6/27)
  • 1944 (mai) : confirmation d’un champ de mine de 400 mètres de long à Contis (source 6)
  • 1944 (mai) : A Contis, le Pont-Rose est piégé et miné dans les deux sens.
  • 1944 (juillet) : D-Day : débarquement des alliés en Normandie et sur une grande partie du territoire Français.
  • 1944 (août) : les troupes allemandes quittent précipitamment Contis
  • 1944 (août) : sabotages des installations et lanterne du phare de Contis
  • 1945 (mai) : victoire des Alliés.
  • 1945 (22 mai) : classement de St-Julien-en-Born en localité sinistrée (Ministère)
  • 1945 (30 juin) : mission de déminage à Contis :Colonel Sicard & Capitaine Molinier (source 11)
  • 1995 : Découverte à Contis du bunker R655-Ba02 en haut de dune (source 30)
  • 2001 (décembre) découverte d’un canon Poutilov Russe au nord du 360 bd de la plage à Contis (source 4)
  • 2014 (mars) : l’érosion fait apparaitre une plateforme de tir Flak 88mm au nord de la plage de Contis (source 4)
Contis : premier poste militaire de l’Atlantikwall Basque

Comprendre l’organisation du Mur de l’Atlantique :

Le Mur de l’Atlantique se compose de différentes grandes zones, nommées Küstenverteidigungsabschnitt (possédant une lettre et parfois un chiffre d’identification), elles mêmes découpées en groupes géographiques (Unterabschnitt Nord, Sud) et sous groupes, le plus souvent rattachés à une ville.

La partie du Mur de l’Atlantique située à Contis appartient ainsi à :

  • AOK1 (Zone de la Loire à la frontière franco-espagnole)
  • Küstenverteidigungsabschnitt : F
  • K.V. Unterabschnitt : Süd
  • K.V. Gruppe : Soustons

Chaque point géographique de fortification possède un code d’identification, sorte d’immatriculation, composé de lettres et de chiffres.

Code Ba01 – ici débute le segment Basque de l’Atlantikwall

Tous les points de la zone « F » possèdent ainsi la lettre Ba (pour Bayonne), suivi d’un chiffre 01, 02, … numérotation allant du Nord vers le Sud.

Au sein de chaque position géographique, les bunkers sont construits selon des plans normalisés. Chaque type de bunker est nommé Regelbau , suivi d’un chiffre correspondant au plan. Ainsi on trouve des Regelbau 612, des Regelbau 655, que nous nommerons ici R612 et R655. Ceci compose la « typologie des bunkers », chaque code correspond à un plan précis de construction militaire. Cette standardisation du Mur de l’Atlantique vise à effectuer une maîtrise efficiente des matériaux, tout en standardisant les édifices.

Contis possède la particularité de marquer le début du segment Basque du Mur de l’Atlantique, dernier segment de côte fortifiée avant la frontière espagnole.

Ainsi, la toute première fortification Basque du Mur de l’Atlantique est le bunker Nord de Contis codé Ba01 (Ba pour Bayonne, 01 pour première position la plus au Nord). Cette position possède un seul bunker (de type R612) que nous détaillerons plus loin.

Trois principales positions codées sont sur Contis :

  • la position Ba01 : correspond au bunker le plus au Nord de Contis.
  • la position Ba02 : correspond au centre du village de Contis
  • la position Ba 03 : correspond à la plage Sud « Pelindres » située au Sud du courant

Neuf positions secondaires seront créées entre 1942 et 1944.

  • Une position secondaire, déclinaison de Ba01 est créée au Nord du village, elle est immatriculée Ba01a
  • Six positions secondaires sont créées en direction du Cap-de-l’Homy, immatriculées de Ba03a à Ba03f.
  • Une position excentrée englobant le phare de Contis est rattachées à Ba02
  • Une position excentrée au quartier de La Lette nommée Ar260 (Ar. pour la zone Arcachon mais rattachée à Ba02)

Cette vue sur carte postale des années 80 donne une vision d’ensemble de la « zone militaire interdite » et des positions codées utilisées, et permet un positionnement de l’ensemble des zones fortifiées jusqu’en 1944.

Zonage de défense de la plage de Contis en 1943

Zonage de défense de la plage de Contis en 1943 (source 4)

 

Position codée Ba01 : Fortification typique de la côte Landaise.

Ba01 et son R612 : une fortification typique des Landes

La position codée Ba01 se situe au Nord de la plage de Contis. Le bunker principal de cette position reste aujourd’hui le plus visible de l’ensemble des positions fortifiées de Contis.

La défense de la plage est composée par un bunker de type normalisé R612 (Regelbau 612). Le modèle R612 reste le type de bunker le plus répandu sur la côte Landaise.

Ce bunker est une casemate de flanquement. Positionné parallèlement à la plage, la fenêtre de tir est protégée par un mur de flanquement des éventuels bombardements venant de la mer. Il bat la plage en direction de Lespecier.

En arrière de la dune, une petite fortification de type « Tobruck », utilisée par un seul homme et une mitrailleuse protège l’arrière du bunker vers l’Est. Cette dernière est aujourd’hui totalement ensevelie.

Éléments structurels de la position Ba01 :

  •  1 bunker de typologie Regelbau 612 orienté Nord
  • 1 tobruck + mitrailleuse
  • 1 canon 75mm F.K. 38
  • 1 puits de captation d’eau potable (20m)
  • 1 abri bétonné en fondation et couvert de tôle métro pour le forage
  • 1 abri bétonné en fondation et couvert de tôle métro pour la citerne d’eau
  • 1 citerne d’eau potable de 1700L modèle Trink-Wasser
  • 1 pompe à eau

Le bunker principal est aligné sur un axe Nord/Sud : sa fenêtre de tir est orientée vers le Nord protégeant ainsi la plage en direction de Mimizan, la porte d’entrée permettant le passage du canon et des troupes est orientée vers le Sud. Il s’agit d’un bunker de défense, les troupes n’y vivent pas, elles s’y positionnent uniquement dans le cadre de l’usage du canon qu’il possède.

Ce bunker était équipé en 1944 d’un canon 7,5cm F.K. 38 du fabricant Krupp.

Sur la série d’images suivantes, prises en septembre 2016, l’échelle est localisée par un symbole triangulaire en bas d’image.

La fiche technique du bunker R612 – Ba01 Contis :

R612 - Ba01 
Modèle612
Corps d'arméeHeer (Armée de terre)
Typecasemate pour canon
Niveau de résistanceB (neue) - bombardement toit armé de 2m
Date de construction1943
Nombre sur Contis3
Nombre sur zone AOK1130 exemplaires
Nombre total645 exemplaires
Équipage0
Armementcanon 7,5cm F.K. 38
Orientation de tirNord
Mur de flanquementNord-Ouest
Camouflage mursgaufré en volume
Camouflage toitboudins (N-S-O)+ sable
Longueur (hors flanq.)9,20m
Longueur hors tout15,50m
Largeur10,20m
Hauteur7m
m3 excavés130
Tonnage d'acier17
M3 de béton395
Arête de toit Nord (tir)Biseautée
Arête de toit EstBiseautée
Arête de toit Sud (porte)Courbe
Arête de toit OuestCourbe
Angle de mur biseautéNord-Est
NoteIntact en 1945, ses dégradations sont liées à des opérations de déminage (destruction d'obus) réalisées à la fin des années 1970)

Détails caractéristiques du bunker R612 – Ba01 :

Camouflé, le toit était recouvert de sable et planté d’oyats

Malgré les années, le bunker de la position Ba01 est toujours en place sur le haut de dune, et même ensablé sur environ la moitié de sa hauteur au niveau de la porte principale, preuve de l’engraissement des dunes à cet endroit.

On note une divergence des dimensions de ce modèle par rapport aux plans standards d’un R612. Il semble plus large d’environ 1 mètre et surtout plus haut de 2 mètres.

Sur le toit tout d’abord, on note la présence de plusieurs boudins de béton sur les arêtes de toit. Ces éléments de camouflage permettaient de couper les arêtes de toit, principalement sur la ligne horizontale et sur les angles de toit.

Le mur de flanquement orienté Nord-Ouest témoigne encore de nos jours du type de camouflage utilisé par l’organisation Todt sur cette position : de petits pâtés de béton mélangé au sable de la côte et positionnés les uns à côté des autres.

Cette technique, utilisée également sur le bunker Sud de Mimizan de type lui aussi R612,  position codée Ar63 (cf photo), permettait en fonction de l’orientation du soleil de créer des ondulations d’ombres variables, rendant le bunker très difficile à repérer sur des photographies aériennes, son « empreinte solaire » étant constamment différente au fil de la journée.

Sur la porte Sud, l’orifice Ouest de ventilation permettant, via un extracteur mécanique la sortie de l’air vicié suite aux tirs du canon reste toujours visible.

L’intérieur, malgré de nombreuses détériorations et explosions (ce bunker fut utilisé dans les années 70 pour la destruction d’obus) reste dans un état visuel correct, seuls les murs de protection des loges de munitions sont détruits. Le plafond en poutrelles métalliques en I est toujours visible, ainsi que les 3 anneaux de plafond permettant d’amarrer un treuil démultiplié pour positionner correctement la pièce d’artillerie.

Depuis 2014, Le bunker est visible jusqu’à son radier sur sa face extérieur Ouest, chose rare, ceci permet d’observer la sous-couche de fondation. On constate ici la présence de barres de fer carrées dont l’usage est inconnu.

Position codée Ba03 : la jumelle de Ba01.

La position Ba03 rattachée à Contis se situe pour sa part à l’autre extrémité du village, sur la plage Sud dite « des Pelindres ».

Elle est bien connue des locaux, principalement pour son accès surnommé « la piste des Allemands » que nous détaillerons plus loin.

Éléments structurels de la position Ba03 :

  • 1 bunker de typologie Regelbau 612 orienté Sud
  • 1 canon 75mm F.K. 38
  • 1 puits de captation d’eau potable
  • 1 abri bétonné en fondation et couvert de tôle métro pour le forage
  • 1 abri bétonné en fondation et couvert de tôle métro pour la citerne d’eau
  • 1 citerne d’eau potable de 1700L modèle Trink-Wasser raccordée au forage
  • 1 pompe à eau
  • 1 passerelle d’accès piétonne chevauchant le courant de Contis
  • 1 piste militaire bétonnée en 3 sections + 1 section de piste dunaire

La « piste des Allemands »

Avant même d’arriver à la plage Sud des Pelindres, position codée Ba03, l’accès se fait exclusivement par ce qui est appelé localement « la piste des Allemands ».

Il s’agit d’une voie bétonnée qui, au delà de son aspect très commun révèle de nombreux détails.

Une voie visible uniquement pour partie.

Du Pont-Rose au pied de dune, un ruban de béton de plus d’un kilomètre

Cette voie militaire construite fin 1942 permettait l’approvisionnement de la position Ba03 en matériel de construction puis plus tard en munitions. Entièrement bétonnée, elle ne possède toutefois pas d’armature métallique comme les bunkers.

Son tracé initial débutait au pied du Pont Rose et passait en bordure Sud de la « Ville d’Hiver » qui correspondait à l’époque à la petite demi douzaine de maisons posées sur la rive Sud du Courant au quartier des Pelindres. La partie visible aujourd’hui ne représente qu’un tiers de sa longueur totale d’1,5 kilomètre.

Cette voie militaire se compose de 4 sections et 4 plateformes de croisement :

  • Section 1 (violet) :  du Pont-Rose au carrefour des Gourbets
  • Section 2 (vert) : du carrefour des Gourbets à l’actuelle piste visible (début ONF)
  • Section 3 (jaune) : l’actuelle piste
  • Section 4 (bleu) : un chemin de dune non bétonné.
  • Secteur de croisement 1 : aux environs du 114 allée du contour
  • Secteur de croisement 2 : carrefour des Gourbets
  • Secteur de croisement 3 : Entrée Sud de la voie actuellement visible (5)
  • Secteur de croisement 4 : Nord de la ligne droite de la voie visible (5)
Tracé comparatif 1950 / 2016 de la voie militaire Ba03 - Données extraites du site IGN (source 25)

Tracé comparatif 1950 / 2016 de la voie militaire Ba03 – Données extraites du site IGN (source 25)

 

 

Du Pont-Rose jusqu’au 114 allée du Contour, la voie coupait au plus proche des maisons de la Ville d’Hiver, puis suivait le tracé actuel de l’allée du Contour jusqu’au carrefour des Gourbets. Certains vestiges restent encore visibles de nos jours à proximité du Pont-Rose.

Au carrefour des Gourbets, la voie militaire d’accès à la position Ba03 prenait alors la direction de la route « Impasse des Piballes » avec un carrefour beaucoup plus large sur cette jonction ainsi qu’un nouveau plateau de croisement,  jusqu’au 52 de l’Impasse des Piballes, puis rejoignait vers le Sud le tracé actuel de l’Allée des Gourbets. De nombreux vestiges restent encore visibles sur les bas côtés de l’impasse des Piballes et de l’allée des Gourbets, remontés au fil des travaux publics.

La fiche technique de la voie militaire – Ba03 Contis

Voie militaire Ba03 
Longueur d'origine1,5 Km
Longueur visible820m (section 3/4)
Largeur3,5m
Épaisseur15cm
Largeur plateau de croisement3m
Longueur plateau de croisement25m
m3 de béton800
Tonnage d'acier0
Nombre de sections béton3

 Décompte vers la zone zéro

Un décompte vers un mystérieux point zéro reste inexpliqué.

Bien que d’aspect basique, cette voie comporte de nombreux témoignages du passé. Empreinte de botte de soldat Allemand certainement laissée volontairement, empreinte de chien, etc … .

Les derniers 10 mètres à l’Ouest de cette voie, en pied de dune, possèdent de nombreuses signatures et mentions gravées dans le ciment. Visibles jusque dans les années 80 elles sont aujourd’hui ensablées.

Le mystère reste pourtant total sur des mesures inscrites sur la bordure Nord de la voie, au niveau du dernier plateau de croisement Ouest. Une numérotation effectuée dès la création de la voie,  décompte des distances de 10 mètres. Le sens de lecture va en décroissant, de dix en dix, 40 puis 30 puis 20 puis 10, en cheminant vers l’Est vers un point zéro. Ce point zéro est symbolisé par une forme de « 3 » ou un « M » tourné de 90° dans le sens des aiguilles d’une montre, possédant un point au centre et borné de traits.

Le sens de lecture (sur la gauche et décroissant) semble compatible avec un éventuel positionnement de véhicule car identique au côté du poste de conduite. Ces mesures ne sont visibles qu’en un seul endroit de la voie, et se limitent à un décompte de 40 mètres avec des chiffres d’une dimension importante d’environ 20cm x 10cm. L’usage de cette gigantesque échelle, la raison de la zone zéro ainsi que la signification de son symbole restent totalement indéterminées de nos jours. Ces inscriptions ne semblent pas forcément avoir de rapport direct avec la voie de croisement,  et il est donc possible qu’elles aient  un tout autre usage.

La bunker R612 – Ba03 de Contis : un colosse au fond de la rivière

Il s’agit ici du seul bunker « tombé » de la dune.

La chute atypique d’un bunker par l’Est

Premier paradoxe, contrairement à la légende locale, ce bunker n’est pas tombé de la dune progressivement au fil des ravages de l’érosion marine. Entre 1948 et 1953, le bunker glisse brutalement de sa position en haut de dune en raison de l’érosion fluviale du courant de Contis. Mal entretenue au sortir de la guerre par manque de moyens, la digue Sud du courant de Contis casse et laisse la rivière passer à l’Est du bunker, puis, « manger » progressivement l’ilot de sable ainsi créé. Le bunker descend ainsi très rapidement jusqu’au nouveau lit du courant (contrairement au même modèle R612 lui aussi situé au Sud de la rivière de Mimizan (code Ar63) , qui mettra plus de 30 ans à « tomber »).

C’est cet évènement qui explique l’enfoncement très spécial de ce bunker : plus enfoncé à l’Est en raison du lit de la rivière qui passait à cet endroit, et non face aux vagues comme dans les autres lieux.

R612- Ba 03 Contis. Le bunker, vue depuis la dune, posé au fond du lit de l'ancienne rivière côtière.

R612- Ba 03 Contis. Le bunker, vue depuis la dune, posé au fond du lit de l’ancienne rivière côtière.

Le bunker R612 – Ba03 reste ainsi depuis plus de 40 ans dans sa position, son niveau d’enfoncement dans la plage étant à l’origine lié au travail de sape du courant de Contis sur sa face Est.

Dates importantes de la chute du Regelbau 612 Ba03 :

  • 1943 (hiver) : le courant creuse progressivement une grande boucle en direction du village de Contis, menaçant les premières maisons de la rive Nord (actuelle baie du courant)
  • 1944 (août) : départ précipité des troupes allemandes, la digue Sud n’est plus entretenue pour protéger le bunker
  • 1945 (juillet) : « la grande boucle  » du courant de Contis s’agrandit.
  • 1945 à 1947 (mai) : le bunker est sur sa position d’origine en haut de dune
  • 1948-1949 (hiver) : rupture totale de la digue Sud du courant de Contis
  • 1949 – 1953 : le courant « mange la dune » Sud
  • 1951 – 1953 : le bunker chute par l’Est dans la rivière, jusqu’au lit de la rivière
  • 1955-1959 : le courant redevient « canalisé », la plage se reforme par dessus le bunker positionné au fond de l’ancien lit de la rivière.

 

L’accès à cette position s’effectuait de deux manières :

  • soit par le Pont-Rose en empruntant la voie militaire Ba03
  • soit en traversant le courant par une passerelle piétonne à laquelle on accédait via l’actuelle rue du Courlis et rue de la Jetée

La fiche technique du bunker R612 – Ba03 Contis :

BUnker regelbau 612 - position Ba03 Contis

Bunker regelbau 612 – position Ba03 Contis

R612 - Ba03 
Modèle612
Corps d'arméeHeer (Armée de Terre)
Typecasemate pour canon
Niveau de résistanceB (neue) - bombardement toit armé de 2m
Date de constructionQ3 - 1943
Nombre sur Contis3
Nombre sur zone AOK1130 exemplaires
Nombre total645 exemplaires
Équipage0
Armementcanon 7,5cm F.K. 38
Orientation de tirSud
Mur de flanquementSud-Ouest
Camouflage mursinconnu
Camouflage toitboudins (N-S-O)+ sable
Longueur (hors flanq.)9,00m
Longueur hors toutinconnu
Largeurinconnu
Hauteurinconnu
m3 excavés130
Tonnage d'acier17
M3 de béton395
Arête de toit Nord (porte)Courbe
Arête de toit EstBiseautée
Arête de toit Sud (tir)Biseautée
Arête de toit OuestCourbe
Angle de mur biseautéSud-Est
NoteSeul bunker tombé sur la plage, la cause de sa chute est l'érosion fluviale du courant de Contis, suite à la rupture de la digue Sud en 1949

 Le R612-Ba03 mettra ainsi environ 5 ans à chuter du haut de dune en raison de la rupture de la digue Sud du courant de Contis et de l’action de la rivière sur sa face Est au début des années 50. En comparaison, le R612 situé à Mimizan (position Ar63) , lui aussi au Sud du courant dont la digue résistera, mettra plus de 40 ans à atteindre la plage par l’érosion marine comme de nombreuses cartes postales d’époque permettent de le constater. A Mimizan, c’est bien la face Ouest du bunker qui est la plus enfoncée dans la plage, signe caractéristique d’une érosion par les vagues.

La passerelle piétonne Ba03:

La passerelle piétonne permettant l’accès à la position Ba03 est rapidement détruite au début des années 50, elle aussi mangée à la fois par l’érosion marine et fluviale.

Construite par l’organisation Todt, adossée à l’aval de la première passerelle (nommée localement l’Ancienne Passerelle), l’ossature de ces deux structures servira plus tard à créer la digue Est de la baie du courant de Contis.

On accédait en 1943 à cette passerelle par la rue du Courlis puis la rue de la Jetée, qui étaient elles aussi totalement bétonnées, comme la voie militaire Ba03. Plus tard, le goudronnage se fera par dessus la voie militaire, avec toutefois le comblement d’un dénivelé important au niveau du 66 de la rue du Courlis.

La fiche technique de la passerelle piétonne Ba03 courant de Contis :

La passerelle piétonne Ba02/Ba03 sur le courant de Contis

La passerelle piétonne Ba02/Ba03 sur le courant de Contis

Passerelle Ba02/Ba03 
Typepont piéton
Longueur d'origine115m
Largeur1m
Hauteur au dessus de l'eau1,5m
MatériauxBois
PositionDigue Est de la baie du courant
FonctionMouvements de troupes vers/depuis Ba03
NotePositionnée sur l'aval de l'ancienne passerelle, elle sert désormais de fondations à la digue Est de la baie du courant de Contis

 Positions Ba01a et Ba02 : les plus armées, au cœur de Contis.

En 1943, le cœur du village de Contis est une zone militaire interdite protégée et gardée.

On y retrouve deux positions principales : la Ba01a et la Ba02

Ba01a : le royaume des canons.

Malgré son immatriculation qui pourrait laisser penser que cette position est rattachée au bunker Nord (Ba01), cette position est en fait rattachée aux structures de Ba02. La zone Ba01a s’étend du poste de secours actuel jusqu’aux dernières maisons situées au Nord de Contis.

Cette position est équipée de 4 canons Flak de 88mm S.K.C. 35 dont le rayon de tir s’étend à 14 kilomètres au large de Contis et couvrant Mimizan au Nord jusqu’à la plage de Yons au Sud. Les canons sont positionnés dans des encuvements, sur des plateformes octogonales en béton armé. Les murs de soutènement des encuvements sont en planches de bois. Deux principaux stocks de munitions existaient en pied de dune, mais il est toutefois possible que les encuvements possèdent eux aussi leurs propres soutes bétonnées de stockage.

En décembre 2001, lors de travaux d’enfouissements des réseaux d’eaux usées le long du Boulevard de la Plage, un canon est retrouvé entre le 360 et le 425 de ce boulevard, côté dune.
Il s’agit d’un canon Poutilov modèle 1902 de 76,2mm d’origine Russe, modernisé en 1930 par l’armée allemande.

Sauvé de la destruction et stocké temporairement chez Monsieur Jean Caliot, ce canon est aujourd’hui exposé au Musée de la Guerre à Soulac.

 

Fiche technique du canon Poutilov :

Canon 76,2mm Poutilov 
TypeArtillerie de campagne
FabricantPoutilov
Masse1,3t
Longueur du canon2960mm
Portée sur Contis8,0Km
Cadence10 à 20 coups minutes
Vitesse500 m/s
Note : Découvert en 2001 boulevard de la plage, Contis.
Saboté par une charge explosive dans la culasse.

 

Éléments structurels de la position Ba01a :

  •  4 canons 8,8cm S.K.C./35  en encuvement
  • Un projet de bunker M262 avec forage d’alimentation en eau
  • 1 forage de captation d’eau potable (20m)
  • 1 abri bétonné en fondation et couvert de tôle métro pour le forage
  • 4 projets d’abris bétonnés en fondation et couvert de tôle métro pour la citerne d’eau
  • 4 projets de citernes d’eau potable de 1700L modèle Trink-Wasser raccordée au forage
  • 2 pompes à eau
  • 1 garage de plage (usage non déterminé)

 

En mars 2014, les fortes marées font apparaître au Nord de Contis la dernière plateforme de tir pour canon Flak 88mm (source 4)

Extrait de carte originale de l'armée Allemande - Distance de tir des canons Flak Contis (source 3)

Extrait de carte originale de l’armée Allemande (source 3/27)

La fiche technique des 4 canons 88mm:

Canon 88mm S.K.C./35 
Typemulti-rôle
FabricantKrupp
Masse7,2t
Longueur du canon56
Portée sur Contis14Km
Cadence15 coups minutes x 4 canons
Vitesse1 000 m/s
Note : Positionnés en encuvement, sur plateformes octogonales béton + palplanches bois, certains canons possèdent certainement des soutes à munitions.

Position Ba02 : la forteresse

Le complexe fortifié qui se cache au cœur de Contis

La position Ba02, située sur la dune principale de Contis est le cœur du commandement de l’ensemble des fortifications du mur de l’Atlantique à Contis. Outre une vigie excentrée (FluWa) située sur le phare de Contis, elle comporte la plus forte densité de fortifications de l’ensemble des positions en bord de plage de Contis.

Elle possède la spécificité d’être implantée dans une zone en haut de dune fortement construite depuis la fin des années 30 et même légèrement plus urbanisée qu’actuellement (chapelle, hôtels). Contrairement à d’autres plages des Landes, Contis est, depuis le début des années 1900 la plage la plus courue des Landes (Mémoire en Marensin N°4 – 1993 – Mémoires de F. Bernede) . Le haut de dune est fortement construit, on y retrouve villas et grands hôtels. C’est au milieu de cette ligne dunaire urbanisée que l’organisation Todt décide d’implanter le cœur de la machine militaire pour Contis.

Entre fin 1942 et mi-1943, certaines maisons du haut de dune sont détruites afin de permettre l’implantation des bunkers. Les dossiers de « dommages de guerre » (source 9/10) nous donnent ainsi une idée précise des dates de début de construction. Toutefois, dès le milieu de l’année 1942, une attention particulière semble portée à conserver certaines maisons, permettant entre autres de mieux cacher les bunkers.

 

 

1934/2015 le haut de dune de Contis à toujours été urbanisé

1934/2015 le haut de dune de Contis à toujours été urbanisé (source 4)

Dates importantes de la Ba02 :

  • 1942 (février) : destruction de la maison de Monsieur Charles L. à Contis.
  • 1942 (mai) : destruction de la villa de Monsieur Jean M. à Contis
  • 1942 (décembre) : destruction de la villa de Monsieur Dominique M. à Contis.
  • 1942 : ordre de Rommel de conserver un maximum de maisons en haut de dune : « chaque bombe tombée sur une maison ne tombera pas sur un bunker »
  • 1943 (mars) : destruction de la villa Dorothée de Monsieur Charles D. à Contis
  • 1943 (mars) : destruction de la villa « des Dunes » de Monsieur Edouard L. à Contis
  • 1944 : Placement de mines sur le Pont -Rose à Contis
  • 1944 (mai) : confirmation d’un champ de mines de 400m de long ( Est de Ba02, boulevard de la plage) par un espion de la DGSS (source 6/27)
  • 1945 (30 juin) : mission Française de déminage à Contis (Capitaine Molinier)
Janvier 1944 - Plan original réalisé par un espion de la DGSS à Contis (source 6/27)

Janvier 1944 – Plan original réalisé par un espion de la DGSS à Contis (source 6/27)

 

Cette position est par ailleurs la seule sur Contis à avoir été étudiée en 1946 par l’armée française. Les éléments à la fois de l’armée allemande et de l’armée française permettent ainsi d’en éditer un portrait certainement incomplet, mais néanmoins détaillé. Toutefois, en août 1944, l’armée allemande fait sauter l’ensemble des tranchées permettant l’accès à certains bunkers pour les condamner. En 1946, les relevés réalisés par l’armée française ne permettront pas d’y entrer, certaines structures sont donc vraisemblablement dans un état figé depuis 1944.

4 bunkers majeurs et une plateforme de tir cachés au cœur de Contis

La position Ba02 s’organise en l’état actuel de nos recherches en quatre points principaux :

  • Un bunker R612 destiné aux tirs vers le sud
  • Un bunker P.O. commandant 4 obusiers
  • Un bunker sous-terrain R655 destiné aux troupes et munitions
  • Un bunker R665 sous-terrain destiné au commandement
  • Une maison transformée en poste de commandement de surface.

Éléments structurels de la position Ba02 :

  • 1 vigie en haut du phare de Contis
  • 1 bunker de typologie Regelbau 612 orienté Sud-Ouest
  • 1 bunker sous-terrain de typologie Regelbau 655 avec forage d’eau intérieur (20m)
  • 1 bunker sous-terrain de typologie Regelbau 665 avec citerne d’eau adjacente
  • 1 quartier général de surface, en tandem avec le bunker 665
  • 1 petit bunker « garage de plage »
  • 3 petits bunkers pour mitrailleuses Tobruck Vf58c + mitrailleuses
  • 1 canon 75mm F.K.231(f) sur plateforme fortifiée
  • 1 canon 75mm F.K. 38
  • 1 piste béton d’accès à un pas de tir
  • 1 plateforme de tir fortifiée en encuvement
  • 1 bunker poste d’observation
  • Un abri tôles-métro et sa citerne trink-wasser de 1700l
  • Un réseau de canalisations d’eau et de communication électrique entre les fortifications
  • 1 champ de mines de 400m allant du courant à l’ancienne Chapelle de Contis

La vigie du phare :

Position dominante de Contis, le phare est utilisé dès 1942 comme vigie. Directement relié au poste de commande de Ba02, il surveille l’ensemble de la côte allant de Lespecier au Cap-de-l’Homy et n’est allumé que ponctuellement (source 32).

Lors de la libération, il fut ordonné aux soldats de dynamiter le phare. Pour une raison non précisée, les ordres ne furent exécutés, et seule la coupole fut dynamitée. L’ancienne coupole du phare qui ressemblait trait pour trait à celle du phare de Cape Hatteras (jumeau du phare de Contis de catégorie Barber-Pole situé en Caroline du Nord, États-Unis) fut alors remplacée en juillet 1949 par la coupole actuelle, une nouvelle lanterne y sera installée entre le 18 et le 26 août 1949 (source 32).

Poste d’observation et obusiers de 155mm

Un P.O. qui commande 4 obusiers de 155mm cachés à la Lette

Un petit bunker d’observation est situé en bord de dune face à la mer, sur la zone Nord de cette position (au sud du belvédère actuel).

Il possède une visière octogonale lui permettant une vue panoramique sur la côte à 180°. Il commande entre autres 4 obusiers de 155mm s.F.H.414(f) positionnés en encuvements métalliques dans le quartier de La Lette (position codée Ar260).

Les obusiers tirent au large, par dessus Contis, depuis le quartier de la Lette, suivant les coordonnées communiquées depuis le poste de commandement, sur une cadence unitaire de 3 coups / minute (soit 12 obus / minute) et une distance de 11Km (soit 7Km au large de Contis, la moitié de la distance couverte par les canons Flak de 88mm).

Les travaux réalisés par l’O.N.F. depuis les années 1950 nous permettent de découvrir une photo inédite du bunker « P.O. » situé à Contis dans le courant des années 1950, nos recherches permettent d’en avoir le plan.

 

P.O. - Ba02 
ModèleP.O.
Corps d'arméeHeer (Armée de Terre)
TypePoste d'observation
Niveau de résistanceD - toit de 0,30m
Date de construction1942
Nombre sur Contis1
Nombre sur zone AOK1inconnu
Nombre totalinconnu
Équipage0
Armement0
Orientation de la vigieOuest
Mur de flanquement0
Camouflage mursinconnu
Camouflage toitsable, semi-enterré
Longueur (hors plateau.)7,50m
Longueur hors tout8,00m
Largeur4,00m
Hauteur2,50m
m3 excavés40
Tonnage d'acierinconnu
M3 de bétoninconnu
NoteSeule structure légère de ce genre référencée dans ce secteur.

Le bunker R612 – Ba02 Contis :

Un des seuls bunkers encore visible sur cette position, le R612-Ba02 possède une configuration particulière.

Son tir est orienté vers l’embouchure du courant et possède trois murs de flanquement. Un principal permettant la protection de la fenêtre de tir, et deux secondaires permettant la protection de la porte principale pour le passage des troupes. Ce bunker bat la plage en combinaison avec le bunker R655-Ba02 qui l’approvisionne en hommes et en munitions, nous le présenterons plus loin. Une dune de protection entre les deux avait été érigée en 1943 par l’organisation Todt.

Le toit de ce bunker est toujours visible sur le haut de dune, la hauteur de dune témoigne de l’engraissement dunaire sur cette position depuis les années 50.

La fiche technique du bunker R612 – Ba02 Contis :

R612 - Ba02 
Modèle612
Corps d'arméeHeer (Armée de terre)
Typecasemate pour canon
Niveau de résistanceB (neue) - bombardement toit armé de 2m
Date de constructionmars 1943
Nombre sur Contis3
Nombre sur zone AOK1130 exemplaires
Nombre total645 exemplaires
Équipage0
Armementcanon 7,5cm F.K. 38
canon 7,5cm F.K. 231(f) sur plateforme
Orientation de tirSud-Ouest
Mur de flanquementSud-Ouest + Nord + Est
Camouflage mursCreux
Camouflage toitFilets + sable
Longueur (hors flanq.)9,50m
Longueur hors tout20,50m
Largeur9,50m
Hauteurinconnue
m3 excavés130
Tonnage d'acier17
M3 de béton395
Arête de toit Nord (porte)Courbe
Arête de toit EstCourbe
Arête de toit Sud (tir)Courbe
Arête de toit OuestCourbe
Angle de mur biseautéSud-Est + Sud-Ouest
NoteStructure de toit sur 6 piquets 15x15cm non identifiée.
Construction apparemment différente de Ba01 et Ba03, surtout au niveau du toit et des arêtes.
Fonctionnement en couple avec R655.
Piste bétonnée devant la porte permettant d'accéder avec le canon à un poste de tir fortifié en bord de dune.

Détails caractéristiques du bunker R612 Ba02 :

Ce bunker R612-Ba02 possède une piste bétonnée partant de sa porte Nord et permettant de manœuvrer un canon sur une plateforme extérieur fortement fortifiée.

Cette plateforme sur-élevée, positionnée en bord de dune était visible dans sa totalité jusqu’au début des années 1950. Début des années 1960 on ne distinguait plus que le haut des murs fortifiés de cette plateforme de tir octogonale, un mur d’une hauteur totale d’environ 3m face à la mer pour une épaisseur d’environ 0,50m. Elle était équipée d’un canon 75mm F.K. 231(f) d’origine française, récupéré lors de la 1ère Guerre Mondiale et amélioré par l’armée allemande.

Le bunker R612-Ba02 possède de plus un traitement de camouflage tout à fait inédit sur Contis, en creux. Ces motifs sont créés en insérant des morceaux de sacs papier de ciment dans le coffrage afin de creuser, « casser », l’aspect lisse des murs orientés sur l’Ouest. En ce sens , il diffère totalement du R612-Ba01.

Le camouflage de toit est lui aussi totalement différent. Outre l’absence de boudins de béton, le R612-Ba02 possède toutes ses arêtes de toit courbes. Sur les face Sud et Nord, un rail de béton avec un crochet métallique inséré tous les 20cm. Venait s’y accrocher un filet de camouflage qui descendait depuis le toit sur la fenêtre de tir. Le toit possède également une série de 6 poteaux de 15x15cm, soutenant une structure extérieure non identifiée. Enfin, ce bunker est le seul à posséder 3 murs de flanquements , dont deux pour protéger la porte d’entrée, et un (plus commun) pour protéger la fenêtre de tir.

Le mur de flanquement de la fenêtre de tir possède lui aussi un traitement tout à fait inédit en deux niveaux, un niveau bas et lisse à l’Ouest, un niveau haut et courbe à l’Est.

 

Le bunker R655 Contis Ba02

R655-Ba02 : soute à munitions et logement de troupes

Ce bunker est une structure passive (non armée en canons). Il possède deux salles principales, l’une destinée au logement des troupes, l’autre au stock de munitions pour l’approvisionnement du R612-Ba02. Une dune érigée par l’organisation Todt servait de corridor pour le transport des munitions entre ces deux bunkers.

Une partie de ce bunker fut découverte en 1995 (source 30), lors de la construction de la troisième et dernière maison au toit courbe en haut de la dune de Contis. Sa vocation étant d’être enterré, il n’était accessible que par des tranchées, bouchées au départ de l’armée allemande. Le R655-Ba02 reste un bunker assez rare puisque construit uniquement à 7 exemplaires sur la zone militaire côtière AOK1 (de la Loire à la frontière Espagnole).

Ses portes blindées sont également anti-gaz pour celles permettant l’accès au sas. La chambre des troupes possède une fenêtre permettant d’arroser le sas à l’aide d’une mitrailleuse en cas d’intrusion, sans pour autant sortir de la pièce. Il possède également un Tobruck avec mitrailleuse, permettant de défendre l’entrée de la tranchée d’accès.

La fiche technique du bunker R655 – Ba02 à Contis:

R655 - Ba02 
Modèle655
Corps d'arméeHeer (Armée de terre)
TypeSoute pour 6 soldats et munitions
Niveau de résistanceB (neue) - bombardement toit armé de 2m
Date de constructionQ2 - 1943
Nombre sur Contis1
Nombre sur zone AOK17 exemplaires
Nombre total31 exemplaires
Équipage6
Armement0
Camouflage toitenterré
Longueur10,00m
Largeur10,00m
Hauteur5,10m
m3 excavés1200
Tonnage d'acier23t
M3 de béton500
Portes blindées1x n°19P7
1x n°401P9
2x n°434P01
1x 483P2
NoteDécouvert en 1995.

Le bunker R665 – Ba02 : le poste de commandement secret de Contis.

Un poste de commandement sous-terrain caché dans Contis

Non mis à jour jusqu’à présent, il s’agit pourtant du bunker le plus exceptionnel de Contis. Surnommé « le sous-marin », il est le colossal (700m3 de béton) poste de commandement de l’ensemble des positions Ba01, Ba01a, Ba02, Ba03 et Ar260 (la Lette).

Sur Contis, il fonctionne en combinaison avec une maison occupée à proximité (qui sera détruite en août 1944 lors de la débâcle) , qui est un poste de commandement de surface. Totalement enterré, le R665 est spécialisé dans le commandement et l’observation du champ de bataille, il possède à ce titre à la fois des pièces de vie toutes équipées, mais aussi une salle des cartes. Il observe la « surface » au travers d’une cloche métallique blindée équipée de trois oeilletons et d’un périscope.

Certains documents militaires (français et allemands) permettent toutefois de le localiser de manière assez précise, mais, compte tenu de l’engraissement de la dune, il se situe actuellement à une profondeur d’environ 10m.

Il s’agit là d’une véritable rareté sur la Côte Aquitaine et Française, à la fois par sa taille ( plus gros bunker sur Contis), son usage (poste de commandement sous-terrain) et par le nombre d’édifices existant au monde. Le R665 n’a effectivement été construit qu’à uniquement 15 exemplaires sur la totalité du Mur de l’Atlantique (de la pointe Nord de la Norvège à l’Espagne), et uniquement construit à 3 exemplaires (dont un à Contis) sur la zone militaire AOK1 de la Loire à la frontière Espagnole.

R665 - Ba02 
Modèle665
Corps d'arméeHeer (Armée de terre)
TypePoste d'observation / commande
Niveau de résistanceB (neue) - bombardement toit armé de 2m
Date de constructionQ2 - 1943
Nombre sur Contis1
Nombre sur zone AOK13 exemplaires
Nombre total15 exemplaires
Équipage6
Armement1 mitrailleuse tobruck
1 mitrailleuse tranchée
Camouflage toitenterré
Longueur10,70m
Largeur11,00m
Hauteur6,40m
m3 excavés1900
Tonnage d'acier32t
M3 de béton700
Portes blindées2x n°19P07
2x n°48P8
1x n°410P8
3x 434P01
Coupole blindéecoupole n°438P01
Optiques3x PzBWF (Panzer Beobachtungs Winkel Fernrohr)
1x Pz.B.F (Panzer Beobachtungs Fernrohr)
NoteNon découvert. Il est probablement toujours équipé de ses éléments de surveillance et d'optiques.

Trois sources différentes confirment cette organisation.

Les archives des deux armées, française et allemande, confirment cette configuration de trois structures majeures

De manière peu surprenante, la mémoire et les archives locales ne possèdent aucune trace de ces constructions, principalement en ce qui concerne les bunkers R655 et surtout R665; Malgré ses dimensions imposantes, la construction du bunker de commandement s’est réalisée à Contis, sans que la population en ait connaissance, principalement en raison de l’inaccessibilité des lieux (mines, zone militaire sécurisée et gardée, …)

Toutefois, trois sources confirment  l’organisation de la position Ba02, deux sources militaires allemandes, et une source militaire française.

Une photo retrouvée en Allemagne

La photo suivante, originaire d’archives allemandes, et d’aspect faussement anodin, est prise sur la plage de Contis certainement à l’été 1942 ou 1943 (permissionnaires Allemands).

Sur la gauche, on reconnait la toiture caractéristique de la maison « M », à l’angle de la plage et du courant de Contis avec l’un des ses épis de faîtage de toiture en forme de flèche. La mention apposée au dos de la photo ne laisse aucun doute possible : « Contis » !

Idée surprenante que risquer de se faire photographier en zone militaire interdite (photos strictement interdites) avec la dune pour simple fond, ni mer, ni plage, ni phare … , la photo est en réalité prise devant le poste de commandement sous-terrain R665, … le drapeau qui flotte à cet endroit trahit cette présence.

Le long bâtiment « Grand Hôtel de la Plage » situé à cet endroit avant guerre ayant été emporté par le courant au milieu des années 30 (avant 1937), aucun autre bâtiment n’existait à cet emplacement en 1942 au sud de la maison « M », occupée. La structure qui affleure en haut de dune derrière le soldat de droite reste indéterminée et est possiblement le haut du bunker R665 en cours d’ensevelissement.

Plage de Contis, 1942 - 1943

Plage de Contis, 1942 – 1943

Le rapport de l’armée française

Le rapport Pinczon-du-Sel, réalisé par l’armée française à Contis nous confirme lui aussi la présence d’une configuration à trois bunkers majeurs sur la position Ba02.

Réalisé en 1946, il confirme également l’impossibilité d’accès à ces structures (deux structures notées ensablées), les soldats allemands ayant fait « sauter » les tranchées d’accès de ces fortification souterraines. Bien que réputé peu précis pour les relevés de distances ou de types de bunkers, ce rapport nous confirme clairement la présence de trois bunkers majeurs, l’un , le R612, correctement orienté vers le Sud-Ouest (tirs vers l’entrée du courant) avec sa plateforme de canon extérieure (notés 2+4); la position la plus cohérente des deux autres structures reste un bunker de logement de troupes et munitions (R655) en retrait caché derrière la maison et proche du R612 qu’il alimente (noté 6+9), et un bunker d’observation du champ de bataille et de commandement (R665) suffisamment avancé pour ne pas créer d’angle-mort avec la maison « M » et avoir une vision panoramique sur la plage (noté 5+10) , la maison « M » à proximité de ce dernier est correctement positionnée sur ce schéma d’implantation, localisée entre les deux structures R665 et R612 (entre 5 et 2).

Rapport Pinczon de Sel - Contis - Ba02

Rapport Pinczon de Sel – Contis – Ba02 (source 5/27)

Un Gliederung de l’armée allemande

Document de contrôle de travaux de l’armée allemande, ce Gliederung référence l’ensemble des édifices militaires à Contis possédant un forage ou étant raccordés à l’eau potable. C’est une sorte de document de « contrôle de raccordement ». Ce document titré F5 mentionne clairement de manière codée les bunkers 655 et 665 sur Ba02, le rectangle croisé indiquant que les deux édifices sont totalement terminés.

Le point noir du R655 indique que le forage en eau potable réalisé dans le bunker est opérationnel, le grand rectangle noir du R665 indique que la citerne de réserve d’eau potable qu’il possède est elle aussi opérationnelle, les symboles ≠ indiquent que ces bunkers sont raccordés au réseau d’eau potable.

Ce document date de 1943. Notons que les bunkers R612 ne sont pas mentionnés, non raccordés au réseau d’eau potable car uniquement destinés au tir et non au logement et commandement des troupes. Ce document nous indique enfin le projet de construction sur Ba01a d’un massif (720m³) bunker de direction de tir pour batteries légères de type M262 (Marine), et nous confirme la profondeur des forages d’eau potable sur cette zone côtière : « BI » : foré à 20m.

Gliederung Ba01 Ba02 Ba03 Contis

Gliederung Ba01 Ba02 Ba03 Contis (source 6)

 

 L’ensemble de ces éléments nous permettent de proposer une carte théorique des emplacements et un plan de répartition des principaux bunkers évoqués sur Ba02 que nous pouvons comparer aux données recueillies par l’armée française en 1946.

L’impossibilité d’accès des structures R655 et surtout R665 en 1946 laisse, comme évoqué plus haut, supposer un bunker de commandement dans un état « figé » depuis août 1944, date à laquelle les tranchées ont été détruites.

Pour tout renseignement, vous pouvez nous aider à compléter cet article ou demander des détails en nous contactant sur contis@contisplage.com

 Remerciements :

  • Brouqueyre J. pour son autorisation d’accès à la « Ba02 »
  • Caliot J. pour sa mémoire précise et détaillée, et la qualité de ses archives
  • Chazette A. pour ses conseils, son expertise et la qualité de ses ouvrages et archives
  • Costes A. (Archives Départementales des Landes)
  • Derveric B. pour l’accès à certains ouvrages « rares »
  • Granereau G. (O.N.F.) pour l’accès aux données de photothèque ONF
  • Moulins J.J. pour l’accès à certains rapports de l’armée Française
  • Rosebery D. (O.N.F.)
  • Jory Sormail pour son expertise militaire de terrain, et ses archives.
  • Ainsi que Fleuridas P., Ferey M., « Chrismo », « Nussknacker », …
  • … et les nombreuses personnes croisées au cours de ces deux années de recherches.

 

Archives et références bibliographiques de ce dossier :
  1. Atlantikwall : Mythe ou réalité, Alain Chazette, éditions Histoire et Fortifications
  2. Collection Caliot J.
  3. Collection Chazette A.
  4. Collection Données Historiques sur Contis (DHC)
  5. Collection Moulins J.J.
  6. Collection Jory Sormail
  7. Collection Taillentou J.J.
  8. Collection Toulgouat, photothèque des Eaux et Forêts
  9. Fonds Archives Départementales des Landes : cote 314w-172
  10. Fonds Archives Départementales des Landes : cote 325w-125
  11. Fonds Archives Départementales des Landes : cote 325w-15
  12. Guns on the Atlantic Wall, Karl Heinz, éditions Schiffer Military
  13. Le Mur de l’Atlantique, Benoît Boucard, éditions Geste.
  14. Le Mur de l’Atlantique, Rémy Desquesnes, éditions Ouest-France
  15. Le Mur de l’Atlantique, J.G. Dubernat, éditions Ouest-France
  16. Le Mur de l’Atlantique : les batteries d’artillerie, Rémy Desquesnes, éditions Ouest-France
  17. Le Mur de l’Atlantique d’Hitler,George Forty, éditions Ysec
  18. L’organisation TODT, J.G. Dubernat, éditions Ouest-France
  19. Quand Hitler bétonnait la Côte-Basque, F. Sallaberry, éditions Atlantica
  20. Regelbauten, Rudi Rolf, éditions Prak
  21. The Atlantic wall, S.J. Zaloga, éditions Osprey
  22. The AtlantikWall history and guide, J.E. Kaufmann, éditions Pen and Sword
  23. http://www.histoiresocialedeslandes.fr
  24. http://www.regelbau.dk/
  25. https://remonterletemps.ign.fr/
  26. Das Bundesarchiv (Allemagne)
  27. Service Historique de la Défense (France)
  28. Archives Nationales (France)
  29. The National Archives (Angleterre)
  30. Compte rendu du Conseil Municipal du 10/08/1995, du 05/11/1996
  31. http://atlantikwall.superforum.fr/
  32. Mémoire en Marensin #18 / M. Pommier

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