Plongeons un instant dans le passé. Imaginez un Contis
des temps anciens, un Contis où les gens se déplacent
en charrette, loin, bien loin des embouteillages que nous connaissons
chaque été. C'est le Contis des années 20,
... 1820. Le Marensin est alors une région des Landes
de Gascogne. Cette zone se situe à l'ouest du département,
et est limitée par le courant de Contis au Nord, celui
de Soustons au Sud. Vaste désert aride, où il ne
fait pas bon se perdre. Les années 1820 sont une période
de grands troubles. Effectivement, tout le Marensin connaît,
depuis déjà près de six siècles de
nombreux échanges et de nombreuses rivalités. À
la fin des années 1700, des accords sont progressivement
signés. Ils débouchent, aux débuts 1800
par l'union de nombreuses communes, tel, en 1826 Lit à
Mixe, pour donner Lit-et-Mixe.
Les raisons de ces conflits qui agitent la région sont
multiples. Les principaux sont sa situation littorale, et les
étroites relations entre les activités fluviales
et maritimes dans des ports tels Contis. On est loin à
l'époque, de l'activité que l'on peut rencontrer
au port d'Albret un peu plus au sud. Néanmoins, de Lit,
par le courant de Contis, partent quelques barques chargées
de charbon et de produits résineux, l'activité
économique se développe en quelques points autour
de l'immense étang qui réunit Saint Julien, Lit
et Contis.
La traversée du lac
Cette immense lagune est un héritage
ancien de l'époque gallo-romaine. En ces temps retirés,
elle est progressivement formé par l'avancée et
le barrage que les dunes paraboliques opposent à l'écoulement
des eaux d'une rivière. Les dunes avancent, engloutissant
parfois des villages entiers. À ce phénomène
s'ajoute le recul des eaux, favorisant l'apparition de barkhanes
qui achèvent la fermeture des cours d'eau côtiers.
Cet étang géant avait une superficie d'en 1820
environ 960 hectares. Il draine une multitude de cours d'eau,
dont le principal reste le courant de Contis, ou " Courlis
". Des marais imposants l'encerclent, favorisant le développement
de maladies. Riches en oiseaux, ces marécages disposent
d'une végétation " d'une force étonnante
". Leur traversée en barque se fait au milieu d'une
végétation luxuriante : des saules, des vergnes,
des bourdaines complètent un tapis de choins, patiences
et angéliques. Cette immensité est reliée
à l'étang de Lit, plus au Sud par un long canal.
Ces étangs jumelés sont reliés à
l'océan par le courant de Contis qui fait office de déversoir,
mais aussi de liaison côtière longeant les dunes
vers le sud sur près de 8 Km. Plus vers l'intérieur,
la vallée du courant reste un rare endroit propice à
la vie, où s'étale la vieille forêt de Contis,
ornée d'arbres centenaires.
Cette traversée fût
immortalisée à l'époque par certains auteurs
: " Au pied de la dune se présente d'abord un
vaste marécage, jadis couvert de pins aujourd'hui planté
de vergnes, saules, frênes, alisiers, roseaux et autres
végétaux des marais, dont la verdure est agréablement
interrompue par de vieux pins morts de vétusté
; les uns sont totalement renversés, les autres ne se
soutiennent qu'au moyen des arbres voisins. Au lieu de feuilles,
on ne voit sur leur tronc demi pourri (...) que les rameaux toujours
verts du lierre rampant dont les tiges sont presque aussi grosses
que celles des arbres. Immédiatement après vient
l'étang de Saint Julien, qui se prolonge à 8 Km
(2 lieues) vers le sud et à l'extrémité
duquel on aperçoit la commune de Lit . L'étang
est couronné de pignadas dont le vert triste contraste
de manière infiniment pittoresque avec le bleuâtre
des eaux de l'étang, et le blanc éblouissant des
dunes qui forment la lisière supérieure. Nulle
part sur cette côte, il ne se développera sous ses
yeux un tableau plus magnifique dans son genre.
Le Contis de l'époque
Le Contis de l'époque ne se situe pas où nous
le connaissons aujourd'hui. Les tempêtes qui balayent la
côte sont bien trop rudes, les sables trop mouvants. La chapelle de Contis domine en 1820 l'étang
de Saint Julien. Elle se situe exactement en face du Contis Vieux
actuel, face aux grands champs de maïs actuels. On y retrouve
d'ailleurs encore ses fondations de briques rouges. Le port de
Contis connaît une certaine activité, quoique cette
zone littorale soit plutôt hostile, le port de Contis reste
un endroit propice au mouillage, principalement le long du déversoir
de l'immense étang. De plus, des navettes de pinasses
sont organisées vers le village d'Uza, afin d'y transporter
le minerai de fer utilisé dans les forges. Un long canal
fut d'ailleurs entretenu à cet effet pendant de nombreuses
années. Contis était un des ports important pour
une autre activité plus surprenante : les pèlerinages
vers Saint Jacques de Compostelle. Peu de traces écrites
permettent de soutenir cette thèse, néanmoins,
l'installation d'annexes de commanderies à Contis permet
de penser qu'un port de cabotage s'y était développé,
sur les rives du courant, non loin de son débouché
à l'océan. Contis aurait été comme
Parentis, Jessis de Saint-Eulalie, Messanges, une des étapes
de l'itinéraire côtier des pèlerins de Saint
Jacques. La présence d'un hôpital à Contis
vers le début 1800 est sans doute à mettre en relation
avec un mouvement important de voyageurs, à la fois côtiers,
mais aussi maritimes. Effectivement, chaque estuaire (Mimizan,
Contis, Huchet) est espacé d'une dizaine ou une quinzaine
de kilomètres, ce qui était parfaitement compatible
avec des étapes journalières de navigation côtière.
Mais peu à peu le port de Contis s'éteint pour
d'obscures raisons. L'immense étang est asséché
à la fin du XIXe siècle afin de combattre les maladies
qui se développent dans les zones de marais durant les
chaleurs de l'été.
Aujourd'hui, presque rien ne reste de cette glorieux
passé de notre village, si ce n'est quelques vestiges,
et l'empreinte de cet immense étang gravée dans
la topographie du terrain, entre Contis et Lit et Mixe (Dunes
abruptes, zones de marais).